Tout commence en 1660, alors que la Cour de Versailles découvre les secrets de l'Orient. Natif de Lille, Nicolas Mariage parcourt la Perse, les Indes et le pays des Grands Moghols pour le compte de Louis XIV, tandis que son frère part à l'île de Madagascar pour la Compagnie des Indes orientales.
Leurs descendants, spécialisés dans le négoce des épices, herbes aromatiques et denrées coloniales, fondent, en 1854, à Paris, la maison de thé MariageFrères, qui fournit alors, comme grossiste, les épiceries fines, les salons de thé et les hôtels de renom.
En 1976, la dernière descendante des frèresMariage, Marthe Cottin, 81 ans, gère toujours la maison de thé, simple magasin-bureau-entrepôt inconnu du grand public, menacé de disparaître faute de successeur.
A la même époque, un jeune Thaïlandais, Kitti Cha Sangmanee, arrive en France pour suivre des études de droit international. " Mon but était de retourner chez moi au plus vite et de me lancer dans la diplomatie, confie-t-il. Mais mon destin allait basculer. " Car un ami, Richard Bueno, lui présente Marthe Cottin, et Kitti Cha Sangmanee tombe sous le charme... de la maison de thé.
" Ce fut le coup de foudre. " Le jeune homme s'intéresse à l'histoire de cette entreprise aux clients prestigieux, se plonge dans les archives, recueille le savoir de Marthe Cottin, qui l'accepte comme repreneur. " J'ai laissé tomber mes études et racheté MariageFrères en 1983, à l'aide de capitaux familiaux. Ce n'était pas une décision réfléchie mais un coup de tête, comme lorsqu'on tombe amoureux ", analyse ce passionné, qui refuse de se considérer comme un homme d'affaires.